Mon nom de famille, c'est Desrosiers
Et je me nomme Ange Lieve
Même si parfois, vous entendrez un ou deux malins s'amuser à m’appeler Angie ou Li'.

Si vous voulez tout savoir, j'ai 20 ans (03/01/1992)
D'un point de vue physique, je fais 175 cm et 52 kg.
Je suis passionné(e) par la musique, le succès, le glamour. Mais d'un autre côté, je dois avouer que j'ai une peur bleue du noir et des orages.
Je suis célibataire.
J'ai également un frère et aucune soeur. Quant à mes parents, ma relation avec eux s’améliore au fil des ans. Mon père a toujours été du type très exigeant et peu affectueux, il veut me voir réussir et heureuse oui, mais seulement de la manière dont il le désire. Pour lui, le bonheur passe par un avenir professionnel brillant, des relations pures avant le mariage (il a été élevé selon les valeurs chrétiennes) et une maîtrise complète de soi-même. Ma mère m’accorderait plus de liberté si mon père le permettait, mais faute d’autorité dans le couple, elle se contente de m’écouter et de me soutenir face à mon père.
Pour finir, je peux vous dire que j'étudie dans le domaine du Droit, option que mon père m’a imposée entre médecine ou psychologie.

J'ai connu McGill ... par mon père évidemment. Tout ce qui a de la renommée m’est destiné selon lui. Et j'ai décidé de m'y inscrire parce que ... je n’avais pas le choix. Mais je dois admettre que le campus me plaît tout de même, McGill est loin d’être un mauvais choix.

Et finalement, j'aimerais faire ou je fais déjà partie des Pretty Sirens. Lors de ma première année à l’Université, je me suis beaucoup rapprochée avec une fille dont aujourd'hui le nom m'échappe, une belle américaine aux yeux bruns pétillants. Elle était du genre timide, à toujours se confondre en excuses mais si douce et réfléchie. Puis après les vacances de Noël, elle avait été recrutée par les Pretty Sirens, ne pouvait donc plus me parler sauf pour lâcher un commentaire désobligeant. Un mois plus tard, je décidais de la suivre, même si je ne voulais pas être plus impliquée que ça avec les Sirens, je me sentais très seule. Mais à mon arrivée, elle avait déjà bien trop changée. Même lorsqu’elle tenta de réparer notre amitié, je l’ignorais. Je restais cependant avec les Pretty Sirens, un groupe qui me correspondait bien plus que je ne le pensais. L’ancienne partie de moi que cette fille avait réussi à déterrer sombra à nouveau pour ne laisser place qu’à un visage parfait, mais sans émotions.

C’est l’hiver de mes 16 ans qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. À l’époque je n’étais pas la fille que vous avez maintenant devant les yeux. Je n’étais pas jolie, je ne cherchais pas à sauver les apparences, je ne faisais pas attention à mes études ni aux relations avec ma famille. Je ne voulais pas être parfaite et le concept de pureté m’était encore inconnu. Cheveux mêlés, un sourire particulier mais qui illuminait la pièce, un corps disproportionné et sans formes. Voilà l’image que je garde de la personne que j’étais avant, un vilain petit canard, mais heureuse. Heureuse comme je ne l’ai jamais plus été. J’avais un grand groupe d’amis, tous différents et c’est ces différences qui faisaient de nous une bande si unie. Kathleen, Samuel, Aïcha, Greg. Kathleen, silencieuse et si bonne en dessin. Samuel, qui ne cessait de faire des blagues à mourir de rire tant elles étaient mauvaises. Aïcha, toujours en train de me montrer les tenues qu’elle s’était confectionnées. Et puis Greg. Mon meilleur ami, mon petit copain. Le seul gars dont j’ai été amoureuse. On s’était disputé ce soir-là, pour quelque chose de si futile. Mais ça avait dégénéré et je lui avais balancé plusieurs insultes sans même y penser. Greg s’était tu. Et puis il m’avait tourné le dos et s’était en allé dans la pluie qui s’était mise à tomber. Une semaine plus tard sans nouvelles de lui, je m’étais aventurée à son appart’ qu’il partageait avec son frère. Je cognais à la porte, la température glaciale me laissant frissonnante sur le pas de la porte. Jacob m’ouvrit, me dit que Greg était dans sa chambre. Tout était silencieux dans la maison, la seule lumière venait du téléviseur allumé dans le salon. Je cognais à sa porte. Pas un mouvement. Je cognais à nouveau. Inquiète, j’ouvris la porte sur un spectacle qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Greg. Pendu à la poutre de son plafond. Un cri s’échappa de ma bouche, et je m’écroulais au sol les larmes inondant déjà mes joues. Je hurlais encore lorsque les ambulanciers sonnèrent à la porte. Jacob dû me prendre dans ses bras et me forcer à partir car je bloquais le travail des infirmiers. Je ne revis plus jamais Greg, je n’assistais pas à son enterrement. C’était trop dur. Par la suite, les regards accusateurs de mes amis me transpercèrent et me suivirent les deux semaines que cela prit à mes parents pour vendre la maison et en trouver une nouvelle. Kathleen fondait en larmes en me voyant, Samuel secouait la tête, Aïcha me toisait d’un air dégoûté. Ils pensaient tous que c’était de ma faute. Et Aïcha n’avait pas hésité à me le rappeler à maintes reprises. Je quittais peu après Sherbrooke pour Montréal. Petite ville pour métropole. Tout était différent là-bas, les visages étrangers, la nourriture aux épices d’ailleurs, les religions multiples et diverses. Je terminais mon cours secondaire au Collège de Montréal programme musique, une passion inavouée pour moi. Je ne continuais pas mes études collégiales dans ce domaine pourtant, mais plutôt dans le droit, pour être avocate. Un métier que mes parents considéraient idéal et assez prestigieux pour notre famille. Je changeais complètement, j’étais maintenant la fille la plus convoitée de mon niveau et les autres filles me dévisageaient lorsque je passais dans les couloirs. Mon sourire s’était réparé avec les années, mes hanches et ma poitrine développées, mes yeux plus profonds encore. Malgré toutes les propositions, je ne m’engageais avec personne d’autre. J’avais trop peur de répéter les mêmes erreurs. Comme mon apparence, ma personnalité se modifia elle aussi. Mon insouciance était maintenant responsabilité et sérieux. Un regard neutre et stoïque qui ne laissait rien transparaître, un sourire poli mais faux. J’étais une Reine des Glaces. Des notes parfaites, des capacités de diplomate impressionnantes. Mais j’étais et je suis sans cesse pourchassée par l’ombre de Greg. Je me sens sale du plus grand pêché ; celui d’avoir volé à un homme le droit à la vie.