Je n'étais qu'un nouveau né. Une petite fille, ne pouvant ni parler, ni marcher. Une incapable. Je n'étais rien, mais en même temps j'étais tout, je pensais, et pourtant n'avais pas la moindre idée de ce que j'étais en train de me dire. C'est ça être un bébé. Vos parents vous parlent, vous dorlotent, vous aiment et vous accordent toute leur attention.
Ils ont l'air gentils ! Tel fut ma première pensée. C'est vrai, une dame blonde, aux yeux vert et un homme, assez fin et grand, dont le visage vous inspire toute confiance; vous tombez sous le charme. Mes parents, voilà le nom que je devais leur donner.
Papa et maman, ces mots revenaient sans cesse sur les lèvres de ma mère. Tout ce que je sais, c'est que je suis québécoise.
Ce que je ne savais pas, c'était que je me trompais totalement, mes parents étaient bien loin d'être des anges et des personnes avec lesquelles j'aurais pu avoir la belle vie. Au contraire. N'étant qu'au début de ma vie, j'avais tout de même réalisé les monstres qu'étaient mes parents, ou plus particulièrement mon paternel, car au fond ma mère n'était pas cruelle, mais une personne en détresse.
En effet, mon père était une personne que beaucoup admiraient, mais autant de personnes le détestaient. Derrière ses airs angéliques et charmeurs se cachaient un monstre. Oui, un monstre capable de faire du mal aux gens, sans scrupule, sans culpabiliser, de les battre jusqu'à l'évanouissement pour ne pas dire la mort. Il frappait ma mère, tous les jours, sans relâche; mais elle ne disait rien. Pourquoi ? Parce qu'elle avait peur de me perdre. Qu'il me m'emporte et qu'il s'en aille et me fasse mener un enfer, une enfance misérable. Et dire que c'était en quelques sortes ma faute si ma mère se faisait torturer dès que
cet homme en avait l'occasion.
Je n'étais plus vraiment une petite fille, mais je n'étais pas encore une adulte. J'étais en mutation, passant de l'enfance à l'adolescence. Qui devait apparemment être la plus belle période de notre vie, mais chez certain, elle pouvait être la pire qui existe. J'opterais pour que la réponse c.
Mais il n'y a pas de troisième réponse ! me direz vous. Et je vous répondrais :
Non, et alors ? Je n'opterais pour aucune des deux réponses proposées, car ma réponse serait située entre les deux choix.Ma mère avait pris son courage à deux mains et avait finis par dénoncer mon père. Les marques, les bleus et les cicatrices qu'elle avait sur les bras suffisaient en temps que preuves. J'aurais bien aimé la surnommée la Stroumpfette, mais cela aurait été abusé. Je ne moque pas de ma mère, pas que je ne veux pas, mais car je ne peux pas.
J'avais 3 ans lorsqu'elle a quitté mon père, j'ai vécu trois ans avec ce monstre et pourtant il ne m'a jamais touché. Allez savoir pour quelles raisons...
J'étais maintenant âgée de 10 ans, j'étais plus grande, avec une petite touf de cheveux blond, lisses et soyeux, comme ma mère. Physiquement, j'étais l'identique, mais en plus petite et sans les rides. J'étais en CM2, je n'avais jamais redoublée, j'étais une très bonne élève. Ma moyenne était haute, d'environ 17 et quelques. Le passage en sixième serait sans doute facile, du moins je l'espérais. Je m'étais parfaitement adaptée à ma nouvelle vie, des amis qui m'entouraient, des personnes que je voyais régulièrement et que j'aimais. Oui, figurez vous que j'étais capable d'aimer.
L'adolescence, j'étais enfin arrivée à la période qui serait certainement la plus drôle, la plus chiante et la plus intense de ma vie. Combien de temps ? Attendez !
11,12,13,14,15,16,17 et 18. Huit ans. J'avais donc huit ans pour en profiter. Au début, je n'osais pas faire des bêtises, ni énerver les gens, leur répondre, etc... Mais au fil du temps, je suis devenue le contraire de ce que j'étais à mon entrée au collège. Une vraie rebelle si j'ose dire. Du genre manipulatrice et égoïste, répondant au professeur, m'amusant à les faire suer. Je faisais absolument tout pour les énerver, tout en restant bonne élève, cela dit, ma moyenne avait tout de même chuté à 16,55. Ce n'était pas mauvais tout de même.
En ce qui concerne ma mère, elle a su remonter la pente correctement, sauf quelques petites rechutes par moment, je l'ai aidé. Elle a trouvé un bon travail, qui gagne beaucoup. Et la cerise sur le gâteau, c'est qu'elle s'est remariée avec un Mr St-Laurent. Bon, je l'admets, il est sympathique, charmeur, drôle, intelligent, ça ne m'étonne pas de ma mère, c'est tout à fait son genre de garçon. Par contre, il avait une petite fille du même âge que moi, car lui aussi est divorcé. Moreen qui avait un air doux sur le visage, un sourire colgate. Ça promettait avec elle, j'allais me faire une joie de l'embêter.
Étant une adolescente pure et dure, populaire et à la mode, je m'étais belle et bien empêtrer dans les bras d'un garçon. Stefan s'appelait-il. Son caractère était identique au mien, on peut dire que nous nous complétions l'un l'autre. J'avais 17 ans et bientôt j'en aurais 18, je serais libre de mes actes, du moins pratiquement. Si je n'avais pas été sûre que Stefan était le bon, je n'aurais en aucun cas couché avec lui. Oui, vous avez bien lu. Je l'aimais et c'était réciproque, du moins c'est ce que je pensais.
Comme vous le savez, les préservatifs ne sont pas fiable à 100 %, et là, je n'avais pas eu de chance. Tel une gourde, j'étais tombée enceinte. Ce qui, bien évidemment avait fait fuir Stefan. Qu'allais-je faire ? Avorter ou le garder ? Devais-je en parler à ma mère ? Je décidais de faire part de la situation à ma mère. Qui fut au bord de l'évanouissement en l'apprenant. Elle me conseilla d'avorter, ce que je fis. Vous penserez sans doute qu'il fallait être un monstre pour faire cela, mais je n'avais pas le choix, si je voulais faire de longue étude, j'aurais besoin de tout mon temps libre. J'avais mal au coeur et je me sentais plus coupable que jamais.
J'ai fini par découvrir la vraie raison pour laquelle mon
père' frappait ma mère. Elle l'avait trompée, avec Mr St-Laurent, car oui, ils se connaissaient déjà depuis le collège. Elle m'a menti, elle m'a fait croire en un homme qui n'était pas mon père. Au lieu de pleurer sur mes lauriers, j'ai décidé de me rapprocher de Mr St-Laurent. Et d'en apprendre un maximum sur lui. Bien sûr Moreen était maintenant plus
que ma demie soeur, mais ma demie soeur de sang.
Une adulte. Voilà ce que j'étais à présent. J'avais dépassé le stade d'adolescente vulgaire et chiante. J'avais évolué. J'étais maintenant prête à entrer dans une université.
Laquelle ? Et bien McGill voyons, quelle question ! Depuis toute petite, j'avais toujours rêvé d'y aller, d'étudier là-bas, cette université me fascinait au plus haut point, mais rassurez vous, je n'étais pas obsédé. Tous les livres parlant de ce lieu, je les avais lu, je connaissais pratiquement tout de McGill.
Et grâce au boulot de ma mère, j'y suis allée, inutile de vous dire la joie que j'avais quand elle me l'a annoncé. Non, mais des bons et des cris de joie. Je fus sélectionnée parmi les élèves, avec mes excellents résultats, j'étais sur d'être prise. Dès que j'en eu l'opportunité, je fis mes bagages, dis au revoir à
ma petite maman et partie en direction de McGill, qui n'était pas très loin de chez moi. Un peu moins d'une heure en voiture.
Entrer dans cette université était sans doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Quand elle fut à l'université, elle rencontra une fille. Même caractère et même allure, elle s'appelait Milka. Elles sympathisèrent rapidement et devinrent très vite de bonnes amis et même meilleure amie à présent. Elle espérait être prise parmi la confrérie des Pretty Sirens à la rentrée. Je finis par m'installer dortoir, avec mon adorable petit chien, un samoyède, se prénommant Jamalynx. Je comptais m'amuser et profiter de ma vie pendant qu'il en était encore temps et cette année me paraissait particulièrement bonne.