- Laisse tomber, Sophie ! lança Rusty à son aînée, assise de l'autre côté de la table, sa main plongée dans celle de son mari. Colin refusera toujours de te laisser dormir sur le campus, même si tu es chez moi ! Il a bien trop peur que tu t'amuses plus ici avec moi qu'avec lui ! ajouta-t-elle en faisant une grimace au mari de sa sœur, qui se mit à bouder, jusqu'à ce que Sophie l'embrasse en éclatant de rire.

Assis à la terrasse d'un café de Montréal, les trois jeunes gens profitaient des dernières lueurs de cette belle journée. Le soleil fuyait à l'horizon et jouait à cache-cache avec les gratte-ciels de la grande et belle ville. Appuyée contre le dossier de sa chaise, une cigarette entre les doigts, Rusty s’amusait du bonheur sans tâches de sa sœur et de son mari. Sophie et Colin étaient mariés depuis deux ans et demi et déjà, sous les plis de la large robe de Sophie, Rusty voyait les rondeurs de la grossesse se dessiner. La jeune femme eut une pensée pour Pahooka. Coincé en Nouvelle-Zélande, il devait finir ses études avant de pouvoir espérer la rejoindre au Canada, où ils avaient tous deux envie de faire leur vie. Mais Rusty en profitait pour vivre et « sucer la moelle de la vie », comme le disais Rabelais. Et en parlant de plaisirs…

- Je vous abandonne, les amis ! J’ai rendez-vous… chez le médecin ! lança-t-elle en attrapant son sac, avant d’embrasser sa sœur et son beau-frère.

Elle courut jusqu’au coin de la rue et parvint à se glisser entre les portes d’un bus, avant qu’elles ne ferment. Elle s’assit et sortit son portable de son sac, voulant envoyer un message à Jonathan pour le prévenir de son arrivée. Pas de chance, l’écran était noir et impossible de rallumer le bestiaux. Rusty leva les yeux au ciel et fourra son portable dans son sac, préférant donc admirer la beauté des rues de Montréal, qui ne cessaient de la surprendre. Lorsqu’elle descendit du bus, en plein milieu du quartier résidentiel où vivait son ami, elle défit ses cheveux et passa sa main dedans. Ils volèrent autour de son visage, au gré du vent. Toujours plus sexy et plus mystérieux, les cheveux lâchés ! Elle baissa les yeux vers son buste et ses jambes. Elle s’était habillée avec grand soin, sachant qu’elle devait passer la journée avec sa sœur et Colin, qui l’avaient invitée dans un des restaurants les plus chics de la ville pour le déjeuner. Elle se retrouvait donc avec une jupe crayon noire et un chemisier blanc avec un peu de fanfreluches au col, perchée sur dix centimètres de talons aiguilles. Bien loin de son attirail quotidien. Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour une paire de talons compensés, un jean coloré et un t-shirt vintage ? Le tout assorti de bijoux de sa fabrication. Hé bien non. Jonathan allait devoir faire avec !

Elle arriva devant la maison de son ami. Un sourire s’esquissa sur son visage aux traits presque maigres. Elle monta le perron et sonna, le sourire aux lèvres.

La porte s’ouvrit sur Jon, torse nu. Rusty arqua un sourcil, puis entra dans la maison. Les muscles du bel éphèbe ressortaient au soleil, ce qui n’était pas pour déplaire à notre jeune Américaine. Elle songea un instant à la relation qu’elle entretenait avec l’être magnifique debout devant elle. Ils étaient amis et partageaient parfois les mêmes draps – bon, d’accord, assez souvent. L’occasionnel s’était muté en habitude, pour son plus grand plaisir. Rusty adorait se retrouver dans le même lit que Jon. Pouvoir plonger ses yeux d’un bleu profond dans ceux, électriques, de son amant ; poser ses lèvres sur les muscles de son torse ; s’endormir dans ses bras et tout cela, sans les désagréments des sentiments amoureux. Pour cela, il y avait son fiancé. Sa relation avec Jon était donc parfaite, comme un goût d’Absolu.

- Avec grand plaisir ! répondit-elle lorsqu’il lui proposa à boire. C’est pas possible qu’il fasse aussi chaud ! Je vais finir par fondre, moi ! Mmh… une vodka, ça me tente bien, mi amor, répondit-elle avec espièglerie.

Elle déposa son sac sur le sol et déboutonna le haut de son chemisier, laissant paraître le chemin dessiné entre ses seins. Elle ne portait pas de soutien-gorge : désagréable par ce temps et inutile, puisqu’elle n’avait pas beaucoup de poitrine. Elle alla se servir dans les bouteilles. Oui, elle n’avait pas besoin qu’on la serve. Elle n’était pas de ces cruches qui ne connaissaient pas la composition d’un cocktail, ou bien qui craignaient les résultats d’un verre de trop. Rusty appréciait l’alcool et ne le cachait point. Sa rencontre avec Jon était d’ailleurs basée dessus ! Une fois son verre plein, elle prit la bouteille et lança un regard langoureux au jeune homme. Puis elle prit la direction de l’escalier. Le jeu commençait !

Une fois dans la chambre, elle fit glisser la fermeture éclaire dorée de sa jupe, qui lui tomba sur les chevilles. Elle la lança plus loin, se retrouvant en bas et en chemisier, sa vodka à la main. Tout en buvant une gorgée, elle s’assit sur le rebord du lit de Jon.

- Toujours aussi confortable, ton lit, mi amor ! fit-elle remarquer en s’allongeant en travers du lit. Pfiou, je suis exténuée par cette journée, moi ! Heureusement qu’il me reste un peu d’énergie…

Elle se redressa et, après avoir posé son verre de vodka sur la table de chevet, s’avança vers Jon. Sa main courut le long de son torse et elle sourit. Puis elle récupéra son verre et se tourna de nouveau vers son ami – amant ? décider ce qu’il était devenait vraiment, vraiment compliqué…

- Alors, on la boit cette vodka ? A nous !