Mon nom de famille, c'est Hemingway, qui me vient de ma famille adoptive.
Et je me nomme Camden, donné par mes parents biologiques que je n'ai jamais connu. On m'a toujours dit m'appeler de la sorte au foyer. Floyd par mes parents adoptifs, en l'honneur du célèbre groupe des Pink Floyd qu'ils ont tant adulé dans leurs jeunesses. Tout du moins, c'est ce qu'ils m'ont dit.
Même si parfois, vous entendrez un ou deux malins s'amuser à m’appeler Floyd. Non pas que je déteste Camden, mais dans la vie courante, on préfère m'appeler Floyd, tout simplement.

Si vous voulez tout savoir, j'ai Vingt-et-un ans (le deux mai 1991).
D'un point de vue physique, je fais 188 cm et 75 kg.
Je suis passionné(e) par la musique et le cinéma. Ce sont mes deux grands domaines de prédilection. Sinon, mon skate, mes clopes et mon café noir. Mais d'un autre côté, je dois avouer que j'ai une peur bleue des endroits clos et sombres. Je suis claustrophobe.
Je suis tout simplement célibataire.
J'ai également deux "soeurs" jumelles. Quant à mes parents, ce ne sont pas mes réels géniteurs. En effet, ils m'ont adopté et accueillis dans leur famille lorsque j'eûs atteint mes six ans. J'ai depuis toujours, une très bonne relation avec eux, et jamais l'un ou l'autre n'a réellement élevé la voix sur moi. Ce sont des gens aimants qui on su me considérer comme leur vrai fils et que je remercie aujourd'hui pour m'avoir éduqué de cette façon.
Pour finir, je peux vous dire que j'étudie dans le domaine de la Musique, option que j'ai choisi.

J'ai connu McGill ... en faisant des recherches. Il y a quelques temps, j'ai appris que ma mère biologique vivait à Montréal et, même si j'ai toujours été heureux, savoir pourquoi elle m'avait abandonné, à quoi elle ressemble, ce qu'elle a à me dire, m'a toujours plus ou moins traversé l'esprit. Je me suis posée énormément de questions, et, ayant toujours eût l'idée de faire mes études ailleurs qu'à Sydney, ma ville natale, je suis tombée sur cette université un peu par hasard. Et j'ai décidé de m'y inscrire parce que ... Elle présentait un cursus important en matière de musique qui m'a tout de suite tapé dans l'oeil. et car elle se situait à Montréal, là où ma mère biologique habite. Peut-être n'a-t-elle pas envie de me voir mais j'ai besoin de découvrir un peu d'où je viens.

Et finalement, j'aimerais faire ou je fais déjà partie des Mcgill's students. Tout simplement car je ne me vois pas intégrer une autre confrérie. Elles ne me correspondent pas du tout et j'aime savoir que je peux faire ce que désire sans avoir besoin de me demander si ou non, ces gestes sont contre les règles instaurées par la sororité. Je n'aime pas qu'on puisse m'imposer des barrières, donc être un étudiant normal de mcgill me convient parfaitement.

Memories they soon delete.
L’enfance n’est qu’illusion. Telle est l’impression qu’à aujourd’hui Floyd, et particulièrement lorsqu’il repense à son passé. Certains grandissent et évoluent au travers d’une famille aimante, prête à tout pour subvenir à leurs besoins. Ils ne manquent de rien et la seule chose dont, petits, ils se préoccupent, est de savoir s’ils auront tous ce qu’ils ont commandés pour Noël. Le petit brun, jusqu’à ses six ans, s’est toujours plus ou moins demandé ce que cela ferait d’avoir de véritables parents, des sœurs et des frères qui tiendraient à lui. Néanmoins, ce n’est pas dans ce type d’environnement qu’il vécut, lors des premières années de sa vie. Sydney est une grande ville, bien trop grande pour ne pas s’y sentir perdu. Nous ne sommes qu’insignifiant. Trop étendue pour pouvoir retrouver ses vrais géniteurs. Ceux qui, en cette matinée du trente mai 1991, soit vingt-huit jours après sa naissance, l’avaient déposé dans ce foyer, dans l’espoir peut-être que l’on pourrait s’occuper correctement de sa petite personne. Ou tout simplement car ils n’ont jamais voulu de lui. A vrai dire, encore aujourd’hui, des tas de questions lui traversent l’esprit. Toutes sans réponses. Il est difficile de vivre avec un passé comme celui-ci, sans savoir réellement qui nous sommes, qui nous sommes destiné à devenir. Floyd n’a jamais aimé passé son temps au foyer où on l’avait déposé. Il n’a jamais pu faire confiance aux adultes chargés de rester froids et distants avec les enfants. Aucune attache. Aucunes marques de tendresse, aucune soudaine affection. Il se sentait seul, livré à lui-même parmi cette marée d’enfants qui finalement, étaient comme lui. Déjà petit il sentait qu’il n’était qu’un vulgaire numéro, en attendant qu’on puisse lui trouver une famille d’accueil convenable. Ou pas d’ailleurs. Il semblait perdu, un peu solitaire et il voyait défiler les adultes, les premiers enfants auxquelles il avait commencé à s’attacher et qui partaient, sans nouvelles. Alors, il préférait rester seul avec sa conscience plutôt que souffrir du départ de certains. C’était ainsi, c’était sa vie. Et il ne pouvait rien y changer, vraisemblablement. Jusqu’au jour où ce fut lui qui, dû faire ses maigres valises pour rejoindre des gens qu’ils n’aimaient pas spécialement, dormir dans une chambre vide de tous souvenirs, de tous sentiments. Le foyer lui semblait bien loin et il se surprenait à préférer vivre là-bas plutôt que chez ses familles de riches qui voulaient l’adopter définitivement. Il parlait peu, semblait effacé et bon nombre le ramenèrent au point de départ avant même qu’il est pu se sentir à l’aise chez eux. Il ne convenait pas, vraisemblablement. Il ne rentrait pas dans la norme, n’incarnait pas le fils qu’ils désiraient plus que tout. Comme si accueillir un enfant s’assimilait à faire du shopping et trouver la personne parfaite. Il avait appris, après avoir été ballotté de familles en familles, à ne pas s’ouvrir, rester imperméable à toutes fausses démonstrations. Alors il revenait au foyer. A force, il y était habitué, et se débrouillait seul, faisait preuve d’une autonomie sans borne. Pour autant, il lui manquait quelque chose. Il lui manquait une réelle présence, des gens de confiance, des réponses peut-être. Pourquoi l’avait-on laissé tomber ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi ses parents n’avaient-ils pas voulu de lui ? Tant de questions égarées, laissées de côté, auxquelles il ne trouvait pas même une seule hypothèse et en un sens, il souffrait de cette situation, belle et bien.

somewhere only we know.
Camden Floyd Hemingway. Tel fut son nom définitif en cette belle journée de printemps, fin mars 1997. Hemingway. Une impression de nouveauté, comme s’il faisait réellement parti d’une famille qu’il appréciait. Il respirait après des années de ballotage. Enfin. Il n’avait jamais aimé aucune des familles qu’on lui avait présentées, sauf celle-ci. Une grande maison dans une petite banlieue de Sydney, une nouvelle mère française, peintre, véritable hippie des temps modernes qui peignait pour l’amour de l’art, la sensation que cela lui procurait. Défenseure des droits de la femme, fervente critique de cette société dans laquelle tous vivions aujourd’hui fondée sur les abus et une consommation de masse, elle était pourtant présente pour Floyd. A la recherche constante d’une galerie où elle pouvait exposer, elle sut communiquer à son nouveau fils, une passion pour tout ce qui touchait à l’art de près ou de loin, renforcé par son mari, photographe, éperdument amoureux de sa femme. Le fait est que, même si cela pouvait paraitre profondément cliché, le brun su dès les premiers instants que cette famille serait la bonne. Et son instinct ne l’avait jamais véritablement trompé. Ils surent le mettre en confiance, le faire s’ouvrir peu à peu, le considérer comme s’il était de leur progéniture. Et dieu sait qu’ils avaient déjà à faire avec leurs deux filles, jumelles de surcroît. De trois ans plus jeunes que lui, elles semblaient hyperactives, impulsives et possessives et dès les premiers jours, curieuses de voir un garçon débarquer chez elles. Pour autant, tout comme leurs parents, elles surent l’accueillir et Floyd évolua dans un environnement équilibré qui le changea complètement ainsi que la vision qu’il avait du monde extérieur. Plus ouvert aux autres, il adopta le mode de vie de sa nouvelle famille, les aidait du mieux qu’il le pouvait et leur était plus que tout reconnaissant d’avoir été là pour lui et de l’avoir suivi et de lui avoir inculqué de telles valeurs morales. C’était comme s’il faisait parte des Hemingway, comme s’il n’avait plus besoin de se poser des questions. Comme s’il pouvait enfin se reposer sur des gens aimants, présents. Il pouvait enfin devenir lui-même et s’en était même parfois déroutant.

be still.
Montréal. Peut-être n’aurait-il jamais pensé venir habiter là-bas. Pour autant, durant de nombreuses années le jeune homme n’avait jamais cherché à retrouver ses parents biologiques, savoir qui ils étaient. Toutes les questions de son enfance avaient été mises de côté, et Floyd en avait fait abstraction de manière involontaire, comme l’on oublit les souvenirs éprouvants et douloureux de façon inconsciente. Encore trop jeune, au fond, ne se sentait-il pas prêt pour remuer le passé, et tomber peut-être sur des faits difficiles à encaisser. Il avait vécu sa vie comme il l’entendait, au travers d’une famille qui l’avait accueilli comme leur propre fils, et ça, ça n’avait pas de prix. Alors pourquoi se préoccuper de personnes qui l’avaient abandonné ? Question qui, depuis ses dix-huit ans, faisait surface dans son esprit. Car il avait beau vivre comme il l’avait toujours rêvé, il n’en ait pas moins que, plus les années passaient, plus il évoluait, plus ces interrogations s’emparaient de nouveau de lui et il ressentait le besoin de plus en plus pressant de savoir qui il était vraiment. Retrouver ses parents biologiques. Entreprendre des recherches lui avait valu un temps fou, non pas pour trouver des informations mais pour enfin se décider à les commencer, à accepter que cela pourrait changer une partie de sa vie. Un choix difficile. Et pourtant. Lorsqu’il découvrit que sa mère avait élu domicile à Montréal, il n’hésita pas une seconde à faire le voyage une première fois, le faisant passer auprès de ses parents adoptifs comme une invitation d’un ami à partir dans leur maison de vacances. Néanmoins, il en repartie profondément déçu de n’avoir rien trouvé de plus et il lui fallut de longues semaines avant de se remettre de cet échec cuisant, qu’il ne voulait pourtant pas abandonner. Il n’acceptait pas cette défaite. C’est ainsi qu’il décida à s’installer complètement là-bas, dans le cadre de ces études, dans une des universités prestigieuses de la ville McGill qui présentait un cursus dans la musique véritablement intéressant et qui lui promettait un avenir certain. Son domaine de prédilection, la seule chose qui le passionnait. Parlant le français couramment de part sa "mère", il pensait n'avoir aucun mal à se faire comprendre là-bas et même s'il lui faudrait du temps pour s'acclimater, il sentait qu'il y arriverait. Et puis cela s'avérait être un bon moyen de persévérer dans ces recherches. Il y croyait dur comme fer et les retrouver en devenait presque une obsession. Obsession que cependant, personne ne pouvait dans son esprit, comprendre véritablement. Alors il n’en parlait à pratiquement personne. Néanmoins, il était décidé à tout faire, quitte à souffrir de nouveau et faire émerger de douloureux souvenirs. Peu importait, au final.