Lorsque je pénétrais dans le bar, il était l’heure du repas pour le citoyen de Montréal modèle. Certains passaient à table, d’autre couchaient les plus petits de la fratrie, ou bien mettait toute la famille devant le film du dimanche soir, mais en prévenant tout le monde que le lendemain il y avait cours, et qu’il serait bientôt l’heure d’aller se coucher. Mais moi, je commençai seulement la nuit. J’avais appris à me lever et à aller travailler avec la gueule de bois, et toutes mes soirées étaient composées d’amusement, de boisson, de drogues et de sexe. Ma vie était bien triste, c’est ce que vous pensez ? Détrompez-vous, je suis bien plus libre que vous, sombre crétin avec vos gosses et vos maris et femmes. Moi je suis jeune, belle, et libre. Blueberry Dawson, arrivant à une soirée, quoi de plus logique ?

La robe blanche moulante était de sortie accompagnée d’escarpins au talon vertigineux. La robe n’est pas trop courte, juste coupé la où il faut. De manière à ne pas tout montrer et en montrer assez pour susciter le désir et l’intérêt. Mes cheveux sont détachés et retombent sur mes épaules telle une crinière. Lèvres rouges, yeux charbonneux. J’ai le look parfait de la salope de base et l’attitude de la pute expérimenté. A peine pénétrais-je la salle que les regards se braquaient sur moi, je les sens se poser sur mes courbes généreuses, m’observer de haut en bas et m’imaginer en tenue d’Eve. J’adore cette sensation, j’adore être désiré. Et toutes ces petites voix fluettes qui m’insultent de pute, de trainée, de salope. Elles ne font qu’accentuer cette confiance en soi que je nourris au plus profond de mon être.

D’un bref regard je balaye la salle et à ma grande surprise j’aperçois un visage familier. Jonathan, l’un de mes innombrables coups d’un soir. Je me mordille légèrement la lèvre pour ensuite me diriger vers lui. La soirée s’annonce aussitôt prometteuse. D’une démarche féline je le rejoins. Ma main vint se poser sur son épaule et j’approche mon visage de son oreille. Alors, tu ne me préviens pas quand tu sors Jonathan ? lançais-je en m’asseyant à ses cotés, un sourire en coin.

Salut la belle! Tiens fumes, je vais en rouler un autre! Et tu sais que je suis à droite à gauche constamment ma belle...

J’acquiesçai dans un petit clin d’œil pour ensuite laisser mes doigts s’enrouler autour du joint. Je portais ce dernier à mes lèvres. Pendant plusieurs secondes j’inspirais profondément, je gardais la fumé un moment pour ensuite la recraché. J’adorais la première latte, c’est celle qui vous met dans le bain, qui vous met dans l’ambiance. Vous êtes encore conscient et vous vous sentez peu à peu libéré, libéré de toutes contraintes. Je continuai de tirer pour enfin reposer mon regard sur Jonathan. Les sms ça existe mon chou renchéris-je.

Mon regard vint se poser sur son verre. J’avais soif. Mais ce que j’avais encore plus c’étais la flemme. La flemme d’aller me chercher à boire. C’est alors que j’aperçus ma proie. Jeune, environ 20 ans voir un peu plus, fraichement dépucelé et avide sensations fortes. Je lui adressai un sourire des plus sensuelles pour ensuite l’inciter à venir. Bien évidemment en mâle docile il s’exécuta à la tâche. Ramène-moi quelque chose à boire, tu serais un amour. Petite moue boudeuse, regard langoureux et dans les cinq minutes qui suivirent mon mojito n’attendait plus qu’une chose : être bu. Ce que je fis sans hésiter, alors que je reposais mon verre je remarquais que Jonathan venait de passer un bras autour de mes épaules. Ahhhh la fameuse technique d’étirer ses bras pour venir les passer autour des épaules de votre proie. Efficace certes mais assez vieux jeu.

Et si... Et si on passait la soirée ensemble toi et moi? Ca te dirait? J'ai envie de quelqu'un comme toi ce soir, avec qui délirer et qui est comme moi... Alors? Partante?

Je me contentais de lui adresser un petit sourire. Ce soir j’avais envie de jouer, de le tester, de tester ses limites. Je n’avais pas envie d’un banal coup d’un soir. Je voulais quelque chose de plus excitant. Ma main gauche vint se poser sur son genou, je la remontais lascivement jusqu’à son intimité où je laissais mes doigts jouer quelques instants.

Chéri, si je voulais qu’on baise je t’aurais emmené dans les toilettes les plus proches et on l’aurait fait. Non ce soir j’ai envie de me faire désirer et de jouer !