Les potes c'est cool, mais des sorties en solitaire ça ne fait parfois pas de mal. Et pour le coup, j'avais bien envie d'aller m'amuser un peu tout seul, sans avoir à me poser de questions ni rien. C'est donc en fin de soirée que je me rendis au Light Ultraclub, me demandant quelles nouvelles têtes j'allais rencontrer et quelles têtes connues j'allais croiser. J'enchainai les verres de Vodka au cours de la soirée, toujours purs, le meilleur d'après moi. Ça faisait du bien de se défouler, de ne penser qu'à soi et ne pas se demander ce qui allait se passer à la fin de cette soirée-là. Je finis par avoir chaud, vraiment, et jugeai alors que c'était une bonne idée que d'aller prendre l'air. Je sortis donc à l'air libre, soupirant en sentant la légère brise qui soufflait. Il faisait bien meilleur dehors qu'à l'intérieur, d'autant plus que l'alcool me réchauffait naturellement le corps pour le coup. Je balayai les horizons du regard pour chercher un endroit où m'asseoir et mon attention fut retenue par une silhouette qui m'était familière. Une Hamilton. Arizona ou Avalon ? Elle était en boîte, et de toute évidence seule, alors je pencherais davantage pour Arizona...
Et effectivement c'était elle, j'en eus la confirmation en l'entendant m'appeler. Je souris et m'approchai d'elle en vidant mon verre, souriant.

« Disons qu'il est bien imbibé mais il va bien. Et toi, petite virée en solitaire ? »

Il y avait quelques personnes autour de nous, mais j'avais beau les dévisager, leurs têtes ne me disaient rien. En tout cas, une chance que je sois tombé sur Arizona, j'avais l'impression de ne croiser que des horreurs à l'intérieur, alors elle relevait sacrément le niveau.

« Je commençais à désespérer en fait, j'étais en train de me demander si toutes les jolies filles avaient disparu, y a que des thons à l'intérieur. »

L'air frais me faisait vraiment du bien ; la Vodka réchauffe vraiment beaucoup, je ne me posais plus la question depuis longtemps sur le pourquoi du comment les clochards russes sont toujours ivres en hiver. Je souris en entendant la jeune femme me dire qu'elle s'amusait mieux toute seule, ça nous faisait un point commun. Son commentaire sur les hommes me fit rire. De toute manière, beaucoup d'hommes qui payaient les verres usaient de cette technique parce qu'ils n'avaient aucun autre moyen pour attirer l'attention sur eux. J'aimais bien le Canada mais pour les soirées, je préférais définitivement la Russie. Les gens d'ici étaient bien trop cul-pincé à mon goût ; pas une olive qui rentre !

« Ouais chuis tout seul... C'est le mieux. J'ai moins de concurrence pour draguer que quand je viens avec mes potes. »

Je faisais partie des Appollos, la plupart de mes vrais amis étaient aussi dans cette confrérie, ils attiraient l’œil des femmes aussi. Je farfouillai dans mes poches un instant pour en sortir un paquet de cigarette, mon paquet spécial soirée. Après tout, en dehors de quand je sortais, je ne fumais pas. J'en coinçai une entre mes lèvres et rangeai le paquet dans ma poche, mais le briquet était introuvable. J'avais du le faire tomber sûrement...

« T'as du feu ? »

Bon plan, ouais. Malheureusement pour moi, il semblait que j'ai choisi le mauvais soir pour sortir et me trouver une histoire d'un soir. Je n'en restais pas moins exigeant quant aux critères physiques de la personne, et à peu près toutes les filles que j'avais croisées depuis mon arrivée n'y correspondaient pas. J'allumai ma cigarette, tirant dessus et rendant le briquet à la jeune femme tout en soupirant profondément.

« Merci. »

Sa question était intéressante, sujette à réflexion... Allais-je y retourner au risque de ne pas trouver mon bonheur ? Mon regard s'était momentanément fixé sur la route un peu plus loin, puis il dériva vers Arizona, un sourire étirant doucement mes lèvres.

« Ça dépend si tu me dis que tu as quelque chose de prévu, ou pas. »

Je portai à nouveau la cigarette à mes lèvres.

Je souris à la réponse d'Arizona, qui s'avérait être dispo. C'était drôle comme elle et Avalon se ressemblaient tellement, tout en étant si différentes. De véritables paradoxes, et j'aimais tellement ça... Au final elles n'étaient pas bien difficiles à discerner quand on les connaissait bien toutes les deux. Son regard provocateur ne m'échappa pas alors qu'elle me demandait si j'avais quelque chose en tête, question à laquelle je n'avais pas vraiment besoin de répondre. Elle aussi me connaissait bien et je n'avais pas besoin de lui faire un dessin, d'autant plus que nous étions venus chercher la même chose ici-même.

« On va chez toi ? »

L'avantage avec Arizona, c'était qu'il n'était pas nécessaire de passer par quatre mille chemins, ce soir je n'avais pas envie de broder pendant des heures. Je ne lui demandais rien, elle ne me demandait rien. C'était un pacte, on se fait plaisir mutuellement et ça s'arrête là, no feelings, aux yeux des autres nous sommes de simples potes, sans bonus. Je soufflai, observant la fumée grisâtre qui s'effaçait petit à petit, avant de reporter mon attention sur la jeune femme.

La jeune femme sourit à ma question et sortit son trousseau de clé. C'était donc une réponse favorable qui me fit sourire. Finalement la nuit ne serait sûrement pas aussi mal que je l'avais pensé au cours de la soirée en ne trouvant personne. J'étais peut-être un Appollo, je ne refusais pas les filles faciles... Mais entre filles faciles et thons, y a de la marge, et je n'étais pas en mesure d'en accepter une à l'intérieur de cette discothèque que je comparais à l'heure actuelle à l'océan Atlantique de par ses nombreuses variétés d'animaux marins.
Je terminai ma cigarette et l'écrasai contre le muret à côté de nous.

« Le plaisir est pour moi. »

J'attendis qu'Arizona me montre où elle s'était garée avant de marcher dans cette direction. Normalement celui qui conduit, c'est celui qui boit pas, mais en l'occurrence nous étions tous les deux bourrés. J'étais inconscient de toute manière, beaucoup le pensaient à cause des courses de moto. On atteignit la voiture et je montai côté passager. C'était assez perturbant de ne pas être le conducteur à vrai dire, je ne savais pas quoi faire de mes mains.

Le chemin pour aller chez Arizona ne fut pas bien long, quelques minutes à peine qui me permirent d'essayer de faire un peu d'ordre dans mes pensées embrumées par l'alcool. Elle finit par se garer alors que je levais les yeux vers la maison qui se trouvait devant nous. Je sortis de la voiture et suivis la jeune femme à l'intérieur, satisfait de constater qu'il n'y avait personne d'autre que nous ; et que par ailleurs, personne n'était invité à nous déranger, au vu du double tour de clés que fit Arizona à la porte d'entrée. Je retirai mes chaussures, les laissant sur le côté à l'entrée et me rendis dans le salon, où Arizona me rejoignit rapidement, jetant ses chaussures plus loin et me fixant d'un regard plus que significatif. Je décroisai les bras et me rapprochai d'elle, jugeant que nous avions suffisamment attendu. Je la fis reculer doucement puis l'embrassai avec fougue, glissant mes mains derrière ses cuisses pour la soulever et l'asseoir sur le dossier du canapé, derrière elle. Je pris place entre ses cuisses, recherchant la proximité entre nos deux corps et dérivant mes baisers dans son cou.