‘’Les enfants, c’est l’heure du souper !’’ criait ma mère, comme à chaque jeudi soir. Les jeudis soirs étaient sacrés à ses yeux, nous devions toujours être présent peu importe les raisons qui nous empêchaient d’être présent. Nous nous précipitions tous vers la table à manger, nous allions être servis comme des rois, comme d’habitude. Lorsque nous fûmes tous là, je remarquais que Rowan n’était pas là. Il n’était jamais là. Mon petit frère c’est un grand rebelle, nous ne pouvons lui enlever ça. Alos je sortis mon portable de mes poches, puis j’envoyais un sms à mon cher frère adoré.
‘’Rowan, le dîner va être servi, dépêche-toi avant que maman soit fâchée. Genre, maintenant.’’ Puis je voyais maman me jeter des coups d’œil bizarre, mais elle ne dit rien. On faisait toujours ça Rowan et moi. Il couche avec la voisine en fait. À vrai dire, je ne suis pas vraiment sûr de ce qu’ils font, mais bon, la dernière fois je les ai chopés en train de s’embrasser dans leur lit alors… j’en déduis qu’ils sortent ensemble, mais lui me dit que non. J’ai bien averti qu’une relation de ce genre peut mal finir, mais il ne m’écoute pas. Il ne m’écoute jamais, de toute façon.
‘’Pourquoi il faut toujours que Rowan arrive en retard. J’espère qu’il va une bonne raison.’’ Et en même temps que mère eut dit ces paroles, Rowan entra bruyamment à l’intérieur de la maison. Toute la famille se retournait vers la porte d’entrée et nous pouvions voir un Rowan sale et dévasté. Il se dirigeait rapidement vers la table et fit un signe de tête à tout le monde, et un bien différent à moi.
‘’Hey vous, qu’est-ce que j’ai manqué ?’’ mère prit une mine plutôt bizarre. Elle s’avançait tranquillement vers Rowan.
‘’Rowan, où étais-tu ?’’ Rowan fit une face des plus bizarres, là notre dîner devenait de plus en plus bizarre. Qu’est-ce qu’ils ont avec leur agissement bizarre ? Suis-je sous l’effet de la drogue ? Ah nan, y’a que Rowan qui en prend. Et peut-être Eliza aussi. Bref, j’sais pas.
‘’Désolé, j’étais chez Amélia.’’ J’aurais bien voulu finir sa phrase, mais j’aime bien trop mon frère pour le faire souffrir de la sorte. Je garde ça pour moi alors que maman fait un de ces visages à la maman trop happy pour leur fils qui ont finalement perdu leur virginité.
‘’Rowan est amoureuuuux !’’ criait mon autre grande sœur, Anabel. Rowan lui fit un regard noir.
‘’Très bien. Ne soit pas en retard la….’’ ‘’Prochaine fois, merci maman. Je sais.’’ Je ne pus m’empêcher de lâcher un rire franc. Mes sœurs jumelles riaient elles aussi, et puis papa lisait son journal. Puis maman retournait vers la cuisine pour nous préparer à manger. Rowan se penchait vers moi.
‘’Hey, merci. Je te dois tout. Tu veux voir ce que Amélia m’a apporté ?’’ je penchais ma tête vers le bas pour regarder dans son main puis je vis un sac de cocaïne. Je détournais aussitôt mon regard et essayait de cacher ma surprise.
‘’Cache ça, j’en veux pas. Tu sais mon avis là-dessus.’’ Oui, j’ai fait une overdose à mes quatorze ans. J’étais jeune et je voulais essayer de nouvelles expériences. On m’a retrouvé dans les toilettes des hommes, presque mort. Mon frère est con de me montrer ce truc… mais nous finîmes par manger tranquillement, telle une famille unie.
***
‘’Mon beau Mason ! Je sais même pas comment t’es encore célibataire aujourd’hui…’’ Eliza me regardait comme si j’étais un être inférieur. Je haïssais ces regards. Non, vraiment pas.
‘’Peut-être qu’il est gay.’’ Dit Anabel en regardant sa sœur jumelle. Mes sœurs plus âgées pouvaient être très exaspérantes parfois, mais je les aimais tout de même. Même si elles ont toujours passées devant moi et mon frère dans tous les domaines. Elles font du cheerleading, et elles sont toutes les deux capitaines. Leur coach leur a dit qu’il pouvait en avoir deux vu qu’elles étaient jumelles et il ne voulait pas faire de jalouse. Mère et père étaient totalement fières. Oh nos deux petites princesses capitaines de l’équipe de cheerleading. Et moi, ce que je fais ? Je joue au soccer. En fait, je suis gardien. Je suis doué, mais pas assez aux yeux de mes parents.
‘’Mais vous êtes tarés, j’suis pas gay. Et je sors avec Aleksa de toute façon. Vous devriez le savoir…’’ Anabel et Eliza se regardèrent droit dans les yeux avec un sourire que je considérais maléfique, puis elles se tournèrent vers moi.
‘’Ah ouais ? Et la fille du Texas… Ella, je suppose ?’’ Anabel donna un coup de coude à sa sœur.
‘’Elle est jolie… pourquoi ne l’as-tu pas appelé ?’’ Je ne voulais pas parler d’elle avec mes sœurs. Elles sont bien mignonnes à vouloir me mettre avec une autre fille mais là j’avais vraiment pas la tête à parler d’elle. Je ne pourrai jamais oublier ce week-end en amoureux, elle était divine et je ne pouvais pas me mentir à moi-même : j’ai eu le coup de foudre pour cette jeune femme. Je n’ai plus eu de contact avec elle. Ça me blesse de juste penser que je ne la verrai plus jamais. Je veux la revoir, mais je ne peux pas. Ça me fâche tellement.
‘’Je ne veux pas en parler. J’aime Aleksa.’’ Me contentais-je de dire tout simplement, plus pour faire taire mes sœurs qu’autre chose.
‘’Ouais, on sait ce que vous avez fait. Tu ne peux rien nous cacher de toute façon. On est comme tes groupies number one, tu comprends ?’’ Eliza avait toujours les bons mots pour me remonter le moral. Je ne pus m’empêcher de sourire à cette dernière, puis Anabel me pris le bras, Eliza en fit de même avec l’autre bras. Elles se blottirent contre moi.
‘’Oublie la, ce sera mieux pour ta santé. Et oublie cette conne d’Aleksa, tu veux ? Je l’ai vu picoler avec un mec dans la vingtaine l’autre jour, et je me suis retenu pour pas lui foutre ma sacoche dans la gueule…’’ L’oublier. Je ne crois pas que ce soit possible mais... on ne dit jamais jamais, de toute façon. Je savais que Aleksa me trompait… je me dis que je dois mettre fin à cette relation. À tout prix. Mais je crois que nous avons besoin mutuellement l’un de l’autre. C’est comme ça. Même si je ne crois plus à un futur avec elle…
***
‘’Tu ne peux pas partir ! T’es notre petit frère préféré. Et… Rowan a besoin de toi !’’ Anabel et Eliza ne me lâchaient pas, elles étaient accrochées à mon cou et je commençais sérieusement à ne plus respirer. Mais toute la famille est comme ça, on est tous affectueux. Aleksa était derrière nous et elle disait au revoir à sa famille également. Rowan me fit un clin d’œil. Je me dégageais de l’étreinte de mes sœurs jumelles, et me dirigeait vers mon petit frère. Je l’enlaçais, et lui chuchotais quelques mots à l’oreille.
‘’T’as pas intérêt à retoucher à cette cochonnerie, tu m’entends ? C’est fini.’’ Puis je me dégageais de lui, il acquiesçait d’un signe de tête. J’avais confiance en lui, je ne voulais plus qu’il fasse con petit rebelle. Ce n’était pas dans sa nature, et aucun de nous n’était comme lui. Mes parents me firent la bise et je montais dans la voiture déjà toute prête. Eh oui, de Boston à Montréal ça fait un sacré bout. En fait, j’ai choisi cet établissement parce que mon parrain a étudié là-bas, et qu’il est devenu un grand médecin. Je veux suivre ses traces et en devenir un moi aussi, parce qu’il a beaucoup réussi dans la vie. Tant au niveau carrière qu’au niveau sentimentale. Et qui sait, peut-être rencontrerais-je des jolies jeunes femmes à McGill… ah, c’est vrai, je suis en couple. Bref, je fis mes derniers au revoir à ma famille, et fit un bisou sur la joue de Aleksa qui était assise à côté de moi dans la voiture. Ouais, elle vient avec moi à McGill, rien de plus cool. Elle pourra me tromper avec plus de mecs, tiens. Bon, faut que j’arrête, j’suis sûr qu’elle m’aime.
‘’Et c’est parti pour Montréal.’’ Je fis un regard vers ma petite amie, qui ne me rendit pas parole. Dément, ça va être dément. Je crois que je vais tout simplement me concentrer sur mes études, et rien d’autre. Rien d’autre…