Mon nom de famille, c'est Goldsmith
Et je me nomme Joan Darla
Même si parfois, vous entendrez un ou deux malins s'amuser à m’appeler Sammy, en référence à Scooby-Doo.

Si vous voulez tout savoir, j'ai Vingt-deux ans (21 octobre 1989)
D'un point de vue physique, je fais 1m70 et 58 kg.
Je suis passionnée par l'histoire, l'écriture, la magie, les films d'horreur (mais je dirais aussi le cinéma en général) et les livres. Mais d'un autre côté, je dois avouer que j'ai une peur bleue des endroits sombres où on ne distingue pas grand chose, des masques et des couloirs.
Je suis célibataire.
J'ai également 0 frères et 1 sœurs. Quant à mes parents, je les ai rayé de ma vie depuis quelques années, et je regrette de ne pas l'avoir fait bien plus tôt. Ce serait bien trop long et compliqué à expliquer et en plus, ça n'intéresse personne. Je souhaiterais juste dire que parfois, il existe vraiment des personnes indignes d'être aimées.
Pour finir, je peux vous dire que j'étudie dans le domaine de l'Histoire, option que j'ai choisi et qui me passionne énormément.

J'ai connu McGill ... en faisant des recherches pour me tirer loin de Bristol et de ses habitants qui commençaient vraiment à me taper sur le système. Je voulais partir à l'étranger, dans un endroit où je ne connaissais pas la moindre personne et où je pourrais tranquillement poursuivre ma vie. Bref, je voulais tout recommencer à zéro et partir en laissant tout derrière moi. Comme dans les films ! Je n'ai pas cherché bien longtemps, le nom de McGill est apparu dans mes recherches très rapidement.
Et j'ai décidé de m'y inscrire parce que ... je n'avais pas vraiment le choix. Enfin si, mais bon, pas trop quand on y réfléchi. Je ne sais pas trop comment tout expliqué mais je sentais très bien que si je mettais trop longtemps à me décider, j'allais être coincée non loin de chez moi, et c'était une chose que je ne pouvais tolérer. Donc, j'ai un peu choisi McGill sur un coup de tête et un peu au pif, en fait. Mais bon, McGill est réputée être une bonne université donc, cela ne m'a pas posé de problème. Je veux dire, McGill ou une autre université, cela n'aurait rien changé pour moi, tant qu'elle était loin de chez moi et que je n'y connaissais personne. Après, la réputation, les cursus et tout ça, c'était secondaire pour moi au moment où j'ai du faire mon choix.

Et finalement, je fais déjà partie des McGill's students. Je ne suis pas contre le système des confréries mais je n'en ai trouvé aucune qui me ressemblait vraiment donc, autant ne pas en rejoindre une. Et puis, je n'aime pas être au premier plan, et je pense qu'en faisant partie d'une confrérie, j'aurais été amenée à me faire remarquer, chose que je n'aurais pas vraiment aimé.

Bristol, 02 octobre1998

Joan, âgée de huit ans, rêvassait paisiblement, se laissant porter par le mouvement apaisant de la vieille balançoire grinçante du jardin. La fillette regarda les branches de l'arbre situé à quelques mètres de là et se dit que ce serait vraiment chouette de se balancer à la même hauteur qu'elles. La balançoire alla de plus en plus vite, Joan pouvait sentir le vent emmêler ses longs cheveux. Ses pieds étaient presque à la même hauteur que les branches, encore un petit effort et ça y était presque ! « Maman, Joan se balance très haut sur la balançoire ! », se plaignit une petite voix fluette que Joan ne connaissait que trop bien. Rejetant la tête en arrière, elle aperçut sa sœur, postée près du garage. « Judy, tu peux pas te taire à la fin ! Laisse-moi tranquille ! ». « Maman ne veut pas qu'on se balance aussi haut, c'est dangereux ! ». Joan leva les yeux au ciel et rageusement, se balança encore plus haut. Elle pouvait voir les nuages et le ciel gris sans avoir besoin de lever la tête. La pelouse lui semblait tellement loin ! La fillette jeta un coup d'œil vers sa sœur, qui la regardait, les bras croisés. Joan aurait juré voir une larme coulait le long de sa joue.


Bristol, 18 décembre 2004

Il faisait froid dans les rues de Bristol et Joan resserra sa grosse écharpe en laine autour de son coup. Il n'y avait pas de neige, mais de grosses plaques de verglas un peu partout sur les trottoirs. Même si la jeune fille adorait cette période de l'année, elle redoutait le moment où elle devait sortir dehors et affronter le sol glissant. Combien de fois était-elle tombée les fesses sur le bitume ? Elle ne les comptait plus. Serrant son sac contre elle, Joan avança précautionneusement, se tenant aux grilles bordant les maisons. Elle devait avoir l'air d'une vieille grand-mère. La jeune fille s'arrêta net, manquant de déraper. Elle se retourna et vit sa sœur lui faire de grands signes, à quelques mètres. « Nan mais c'est pas vrai ! », marmonna-t-elle pour elle-même. « Joan ! », l'interpella une nouvelle fois sa sœur. « Mais quoi ?! Qu'est-ce que tu veux ?! », hurla l'intéressée. Elle vit Judy avancer vers elle, doucement afin de ne pas tomber. « Je peux venir avec toi ? Je n'ai pas envie de rester toute seule à la maison. » « Tu ne peux pas aller avec Grace et Anna ? » « Anna est à Londres et Grace reste chez elle, elle est malade. » Un silence pesant s'ensuivit. Joan détestait que quelqu'un lui impose sa présence. Même s'il s'agissait de sa propre sœur. « Non. Je veux être tranquille. », lâcha-t-elle d'un ton cinglant. Et elle reprit sa lente marche.


Bristol, 31 octobre 2006

Joan referma son livre d'un coup sec. Elle n'arrivait pas à se concentrer et ses pensées la tiraient sans cesse de sa lecture, chose rare. Elle tapa nerveusement du pied. 22h30. Ils n'allaient pas tarder à arriver. « Ils sont en retard. », fit remarquer Judy, l'air de rien, assise de l'autre côté de la table. Joan se retint de lui écraser le pied et répondit, exaspérée : « Je sais. Je n'ai pas besoin de toi pour m'en rendre compte. » La porte du café dans lequel se trouvaient les deux sœurs Goldsmith s'ouvrit à la volée, faisant tinter le carillon. Joan se leva brusquement et rangea rapidement son roman dans son sac en cuir. « Il paraît que Devin et sa bande vont visiter la maison du vieux Jack ce soir ! Je veux aller voir ça ! », déclara Ginger, surexcitée à l'idée de se rendre dans une vieille maison abandonnée. « Alors, on y va ? », demanda Josh d'un ton plein d'espoir. « Ouais c'est bon. Moi aussi, je veux voir ça. », répondit Joan. Ginger et Josh étaient des amis d'enfance. Ils connaissaient les deux sœurs et ensemble, ils formaient ce que l'on pouvait appeler un groupe d'amis. Sauf que Joan appréciait guère fréquenter les mêmes personnes que sa sœur et par conséquent, devoir passer du temps en plus avec elle. C'était une chose dont Joan se serait bien passé. Mais Halloween, c'était sacré. Et sa sœur ne pourrait pas venir ternir son bonheur. Joan jeta un coup d'œil à Judy, mais tourna la tête dès qu'elle croisa son regard. « C'est parti ! ».


Bristol, 18 juin 2009

McGill, Montréal. C'était loin. Elle n'y avait jamais mis les pieds et personne à sa connaissance ne projetait de s'y rendre. C'était loin et là-bas, elle serait une étudiante parmi tant d'autres, noyée dans la masse. Exactement ce qu'elle cherchait. Non pas qu'elle soit bien connue à Bristol. Loin de là. Mais Joan ressentait depuis fort longtemps le besoin de tout laisser en plan. McGill semblait être ce qu'elle recherchait. Un endroit tranquille, où elle pourrait continuer ses études et où personne a priori ne viendrait se mêler de ses affaires. L'inconnu ne lui faisait pas peur, bien au contraire. Et ici, elle étouffait. Et puis, pourquoi rester ? Ses amis partaient aux quatre coins du pays dans des universités différentes. Et sa famille ... Joan détestait sa famille. Le simple fait d'entendre quelqu'un évoquer un membre de sa famille la mettait en rogne. En fait, c'était plutôt un mélange de colère et d'indifférence. Bizarre. Joan s'était depuis longtemps habituée à considérer ses parents que de simples inconnus. Ce n'était pas très difficile, à vrai dire. Dans la famille Goldsmith, on ne se saluait jamais. On ne se parlait que le stricte minimum. Et se confier était quelque chose de totalement incongru. Joan détestait ses parents. Sa mère, égoïste et aigrie. Son père, passif et niais qui se laissait faire. Sa sœur, naïve et trop gentille, qui ne comprenait pas pourquoi ils ne pouvaient pas être comme les familles dans les comédies américaines. En fait, Joan haïssait sa mère, était en colère contre son père de ne pas tout envoyer balader sa mère et en voulait à sa sœur de vouloir arranger la situation. Pendant longtemps, même si Joan s'était toujours montrée insupportable et mesquine avec Judy, elle avait espéré pouvoir en faire une alliée, une confidente. Une vraie sœur quoi ! Mais les filles Goldsmith étaient bien trop différentes, cela ne pouvait décidément pas coller. A chaque fois Judy faisait quelque chose qui agaçait prodigieusement Joan et alors toute la colère qu'elle éprouvait envers sa sœur ressortait. Oui, il était grand temps pour Joan de partir. Et loin. Et le plus vite possible.


Montréal, 15 mai 2011

« J'en peux plus des cours. Je veux dormir. », se plaignit Dylan, affalée sur l'une des tables de la bibliothèque, la tête entre les mains. Joan leva la tête de ses cours et ne put s'empêcher de sourire. Cela faisait au moins la trentième fois que Dylan pestait contre les cours, l'université, les professeurs, les étudiants, les auteurs des livres qui encombraient les rayonnages. « Arrête de râler et bosse ! Sinon, tu rendras encore ton projet en retard et tu auras des points en moins. Et en plus, ton prof te donnera sûrement un autre projet à faire, pour avoir rendu l'autre en retard. » Dylan leva les yeux vers son amie et soupira. « C'est trop horrible ! Je ne veux plus travailler. Mon cerveau ne retient rien. Depuis tout à l'heure, je lis la même ligne et je ne l'ai toujours pas comprise. » Joan leva les yeux au ciel et secoua la tête. Dylan ne changerait jamais, mais Joan aimait bien son caractère. Elle ne se prenait pas la tête et la laissait en paix lorsqu'elle en avait besoin. « J'en ai marre. », lâcha Joan au bout de quelques minutes. Son essai était rédigé au brouillon, il ne lui restait plus qu'à le recopier. La jeune femme s'étira et regarda par la fenêtre. « Merde ! ». Joan se releva précipitamment et commença à jeta pêle-mêle ses affaires dans son sac. « Depuis quand tu balances des livres comme si c'était de vulgaires trucs bon à jeter ? », interrogea Dylan. « Grouille, Langevin se ramène ! ». « Oh putain ! ». Dylan s'activa au côté de Joan et quelques secondes plus tard, elles avaient quitté la bibliothèque. Joan alla s'asseoir dans la pelouse, Dylan se laissa tomber à ses côtés. « T'étais sûre que c'était sa voiture qu'on a aspergé de peinture ? » « Certaine ! J'étais là quand il l'a découvert. T'aurais dû voir sa tête ! » « J'arrive pas à croire que j'ai loupé ça ! En tout cas, vu la façon dont il traite les étudiants, on n'a fait que lui rendre la monnaie de sa pièce ». Dylan et Joan rigolèrent encore quelques minutes en se remémorant leurs frasques puis, elles se levèrent et d'un même pas, se rendirent à leur prochain cours.